Comme tous les matins, M. Lacause se rend à son travail en voiture. Comme tous les matins, il mange au volant une barre chocolatée, dont il jette le papier d’emballage par la vitre ouverte. Puis se déroule sa journée de bureau, monotone et routinière.
Le travail est long, et rien d’inusité ne se produit. Il fait face au même collègue, avec son visage impassible et morne. Il est tenté de faire sa blague quotidienne sur le café, mais cette fois-ci ne souhaite pas renouveler le schéma usuel de sa journée. Il s’adosse à son siège, et soupire. Il regarde par la fenêtre. Les feuilles volent de long en large, traversant les poubelles et déchets, en emportant à leur passage. Un sachet les rejoint dans leur danse, et s’envole vers eux, exécutant sa danse vers le ciel. Il gonfle et respire au gré des courants d’air, se dirigeant vers Marc, et le narguant en redescendant vers le sol. Il s’emballe dans son élan, et disparaît derrière la cour.
Marc sort de ses rêveries. Son boss lui fait face, et le regarde d’un sourire narquois. Il est temps de travailler. Un bore out plus tard, il sort à 19h du bâtiment blanc et terne. Il n’a même pas faim, mais il ne sait pas quoi faire. Il se sent si seul. Et vide, comme s’il n’avait plus aucune volonté ni aucun rêve au fond de lui.
Le lendemain rebelote, sa journée n’est qu’une répétition de la veille, et lui qu’un pâle reflet de lui-même. Il parvient à son appartement, se fait le même repas que la veille, et part pour regarder Matrix pour la énième fois, avant de se coucher.
Le lendemain matin, en se rendant à son travail en voiture, M. Lacause entend la nouvelle aux informations : une pollution d’origine inconnue décime la faune et la flore de la région. Troublé, il allume une cigarette, dont il jette le mégot incandescent par la vitre ouverte.
Au travail, tous les collègues ne parlent que de cela : interdit par les autorités de boire l’eau du robinet ! Les bouteilles d’eau seront distribuées en masse au supermarché. Il est question de faire des réserves.
Marc n’a envie de parler à personne, mais il n’entend que cela : pollution, fin du monde, faune décimée, etc. Il n’a pas envie de parler, n’a pas d’enfants, pourquoi ceci devrait-il être son problème ? Perturbé, il quitte le travail un peu plus tôt que prévu, et rentre chez lui dans sa Toyota grise de 60 chevaux. L’autoroute est dense.
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Quelques mois plus tard, les autorités détectent une présence de H2-79, un composé d’emballage. Il s’avère par la suite que l’emballage ayant produit le dérèglement de la faune locale n’est rien moins qu’un emballage de Danny’s, la célèbre marque de barres chocolatées.
Perplexe, Marc se demande comment un si petit objet a pu agir sur autant de paramètres. Il ne jettera désormais plus aucun emballage, en particulier depuis les vitres de sa Toyota.